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L'EDITO |
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20% de TVA, 80% de politique |
La France
entière sait dorénavant que les « centres équestres » vont
souffrir d’un relèvement de leur taux de TVA...
Les éléments de langage ont fait leur effet : Faillites, chômage,
pouvoir d’achat, équarrissage, dé-démocratisation de l’équitation
...
Chaque élu, chaque média, chaque citoyen a bien en tête l’ampleur de
l’hécatombe annoncée.
Les manifestations sont là pour le prouver, et tout cavalier connecté s'en
fait le relais.
Gouvernement « traître » et « menteur »,
qui abandonne l’équitation française, qui ne demandait rien ...
Jamais les poneys n’avaient à ce point envahi les esprits et "fait
écho" sur le pavé parisien.
Jamais la communauté équestre n’avait porté autant de banderoles et
mis "ses enfants" dans la rue.
"Non, le cheval n’est pas une niche fiscale".
"Non, l’équitation n’est pas un sport de riches".
"Touche pas à mon poney". "Non à la TVA" ...
Les
Clubs défendent leur bifteck.
Certains d’entre eux ne pourront pas « absorber » ces 13% de
TVA supplémentaires qui vont faire mal aux cavaliers. Certains parents
risquent de revenir à la raison du foot, ping pong ...
Message d’apaisement qui ne veut rien dire.
Jusque fin 2014 les contrats signés avant le 1er
janvier resteront taxés à 7% et un « fonds cheval »
versera une vingtaine de millions « à la filière », en
charge de les « gérer » ???
Un message destiné à qui ?
Aux dirigeants de Clubs ou aux cavaliers ? A l’instar des habitants
d’un quartier qui soutiennent leurs artisans « sacrifiés »,
les cavaliers s’identifient aux Clubs. Clients et prestataires de
service ne font qu’un.
Manifestations de consommateurs autant que de professionnels !
Le
caractère meurtrier de cette TVA.
La TVA touchera principalement une classe moyenne de licenciés, et de très
modestes entreprises. Les classes moyennes et les PME/TPE
existent dans tous les secteurs de la filière équestre.
Défendre une « exception sportive française ».
L'équitation a vocation universelle et démocratique, même si elle
semble plutôt destinée aux associations qu’aux entreprises privées
qui constituent le gros des Clubs. Aujourd'hui d'autres pays comme
l'Argentine, la Chine, l'Irlande ... copient ce système sportif unique au
monde.
Quels intérêts défend la Fédération française d’équitation
?
Ceux des Clubs, dont les dirigeants élisent le staff fédéral qui
justement laisse planer l’idée de les soutenir financièrement, ou
l’intérêt des cavaliers qui font vivre les Clubs et donc la Fédération
elle-même ?
Oui, la situation est grave pour qui aime l’équitation, et pire
encore, pour ceux qui en vivent.
Il faut faire quelque chose, et manifester est une solution, ne serait-ce
que pour motiver ceux qui le peuvent ici à agir politiquement à
Bruxelles, mais surtout pour appeler à une communauté large, européenne,
susceptible de mener le combat décisif pour une harmonisation
continentale autour d’une taxation et l’occasion pour la Fédération
européenne d’équitation (EEF) de s'exprimer…
Oui, l’équitation doit rester un sport accessible pour tous.
L'équitation doit avant tout être considérée comme tel par le
gouvernement, quel qu’il soit.
Les ministres de Jean-Marc Ayrault, lancés dans un chantier certainement pharaonique
de redressement budgétaire, ont spécifiquement abusé de leur pouvoir,
en tout cas plus que dans d’autres secteurs. Ils agissent sous la fausse
contrainte d’une amende carabinée infligée, à court ou moyen terme,
par l’Europe...
Enfin ils agissent en pensant à 2014, année de réforme européenne sur
les taux de TVA, à l’occasion de laquelle ils espèrent pouvoir négocier
quelques aménagements. Rien ne dit que la stratégie aboutira…
Communication d’un côté comme de l’autre.
Celle d’un gouvernement qui en d’autres termes vise à se mettre en
conformité avec Bruxelles tout en reversant à la filière 20M€ de la
recette générée par cette hausse de TVA, que les calculatrices estiment
à 30M€ et celle d’une filière équestre et ses consommateurs qui ont
décidé de descendre dans la rue.
Mais alors, quelle est la stratégie de la fédération ?
Faire diversion ? Gagner en image auprès de licenciés habituellement très
peu intéressés par l’action fédérale, et par là même affirmer son
leadership auprès des professionnels ses électeurs ? Politiser ?
Un peu tout ça en même temps, probablement, puisque dans les faits
la Fédération agit comme une association de défense de consommateurs
avec ses licenciés, comme un syndicat avec les entreprises équestres, et
comme un parti d’opposition avec ses ministères de tutelle.
La
fédération Française d'équitation qui
à l’origine refusait de s'exposer en ne participant pas aux mouvements
de protestation, manifeste à son tour.
En devenant partie prenante du débat, la FFE en faisant appeler à
manifester, en défilant face caméras,
et surtout en laissant filer, volontairement ou par défaut d’autorité,
des références qui ne sont pas officiellement les siennes, lâche des
slogans contre le gouvernement en place pour qu'il se rendre à l'évidence
:
"le monde équestre est une communauté multiple et soudée".
à suivre ...
!
Isabelle et Luc